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Sans doute peut-on appeler ce genre suave, élégamment funky, sur un balancement parfois tropical, du jazz. Et sortir ce mot fatal qui ne veut certainement rien dire mais permet de remplir un blanc, comme peut l’être le terme americana dans un autre domaine : West Coast. Dans ces moments-là, les orchestrations évoquent Steely Dan ou Santana, ou même les affectations retenues d’un Marvin Gaye. Mais l’album n’est pas qu’une coulée de sucre funky. On a aussi des titres plus âpres et portés sur le blues, où le guitariste Yosta donne à son compère Joe Hanriot, excellent harmoniciste, l’occasion de briller en capiteuses phrases jazzy et scansions rythmiques. On a même des stop-time et des pouls de shuffle sur lesquels Yosta creuse le manche de profonds vibratos. On a des ambiances menaçantes et, dans la seconde partie du disque, des apesanteurs jazz moins hybrides. Les saxophonistes Julien Florens et Jean-Marc Labbé (alto et ténor) donnent une vibration urbaine à certaines plages. On a aussi, probablement, une utilisation éclairée du synthé et de quelques programmes, percus, touches de didgeridoo, de guimbarde et autres jingles sporadiques et effets tournants. C’est un album assez long, parfait pour avaler de l’asphalte : 17 titres instrumentaux assortis de quelques scats et d’un chœur africain, humble, ensoleillé, artisanal, très bien pensé, pesé et arrangé. Yosta enregistre des albums depuis 1986, sous son nom ou au sein de divers groupes. Compositeur, arrangeur, la feuille de présentation indique à son actif « de nombreuses musiques de pubs et de films », et c’est patent dans la facture de cet album riche et coloré. Après, c’est un genre plutôt excentré du pandémonium blues rock, et il faut pouvoir adhérer.
Christian Casoni
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